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• 1370; altér. de bastide♦ Au Moyen Âge, Ouvrage de fortification, château fort. — Spécialt La Bastille : le château fort commencé à Paris sous Charles V et qui servit de prison d'État (⇒ embastiller) avant d'être pris par les insurgés et démoli en 1789. La prise de la Bastille (14 juillet 1789).bastillen. f. Au Moyen âge, ouvrage de fortification détaché en avant d'une enceinte ou faisant corps avec elle.— Par ext. Château fort.|| La Bastille: le château qui se trouvait à l'emplacement de l'actuelle place de la Bastille, à Paris, pris d'assaut par le peuple (14 juillet 1789) et détruit en 1790.⇒BASTILLE, subst. fém.A.— FORTIF. Ouvrage d'importance variable, en bois ou en pierre, provisoire ou permanent, construit pour défendre une place, prenant alors souvent l'aspect d'un véritable château-fort protégeant l'entrée d'une ville. Synon. bastide :• 1. Et la longue et grise maison montait, grandissait dans l'esprit de la mère comme une bastille, une forteresse, une de ces immenses bâtisses féodales ombrant de leurs tourelles et minant de leurs fondations, de leurs fossés de défense, tout le pays d'alentour.A. DAUDET, L'Évangéliste, 1883, p. 190.— Rare. Ouvrage servant à assiéger une place :• 2. Le duc commença d'immenses préparatifs pour assiéger Calais par terre et par mer; il fit tailler, dans les forêts de Saint-Omer, des bastilles en charpente, ...BARANTE, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 2, 1821-24, p. 411.— P. ext., rare. Ville neuve fortifiée, dans le midi de la France (cf. bastide) :• 3. Les hameaux près de Paris, les bastilles près de Marseille, au dire des voyageurs, avec plus d'affluence, surtout en gens de ville, avaient moins d'agrément, de rustique gaieté.COURIER, Pamphlets pol., Pétition pour des villageois que l'on empêche de danser, 1822, p. 141.B.— [P. allus. à la Bastille, ancienne forteresse et prison de Paris]1. Tout objet qui rappelle la Bastille par sa forme, ses dimensions, son emploi :• 4. Le banquier acheta des vêtements chauds, fit calfeutrer les fenêtres de sa chambre; (...) puis il vécut dans une bastille de dossiers.MORAND, Les Extravagants, 1936, p. 232.— Spéc. Prison :• 5. Consternée à la vue de cette bastille, Céluta demeura d'abord immobile, puis frappa doucement à une porte; le soldat de garde contraignit l'Indienne à se retirer. Elle fit le tour de la prison par des rues de plus en plus désertes : ...CHATEAUBRIAND, Les Natchez, 1826, p. 362.— HÉRALD. Pièce possédant des créneaux renversés vers la pointe de l'écu; écu garni de tours (cf. BACH.-DEZ. 1882).2. P. métaph.a) Tout ce qui constitue une prison, une limite morale, intellectuelle pour l'homme :• 6. Oui, c'est vrai, ce sont là quelques-uns de mes crimes.J'ai pris et démoli la bastille des rimes.HUGO, Les Contemplations, t. 1, Réponse à accusation, 1856, p. 57.b) Loc. [Le suj. désigne une pers.] Il ne branle non plus que la bastille, qu'une bastille. Il ne bouge pas, bien qu'on le demande, il reste inébranlable.Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du XIXe siècle.Prononc. :[bastij]. PASSY 1914 attribue à la voyelle de syll. finale une demi-longueur, BARBEAU-RODHE 1930 une longueur. Les dict. indiquent des l mouillés jusqu'à LITTRÉ inclus, à l'exception toutefois de LAND. 1834.Étymol. ET HIST. — 1370 archit. milit. bassetille « ouvrage de fortification » (A.N.K 49, pièce 49 dans GDF. Compl. : En la fortification et gallandeiz d'une bassetille devant le fort de Thury); ca 1400 bastille (CHR. DE PISAN, Mutacion de fortune, 9137 : Fist palis premier et bastilles Et maintes deffences soubtilles Contre l'assault des ennemis); spéc. 1476 « château fort, commencé à Paris sous Charles V et qui servit de prison d'État » (Lettres de Louis XI, L. VI, 81 cité par BARTZSCH, p. 88 : les faictes mettre dedans la bastille); 1606 (NICOT : Bastille [...] Ainsi est dit le chasteau qui est ioignant la porte S. Antoine à Paris, la Bastille S. Antoine par Nic. Gilles en la vie de Charles VII).Dér. de l'a. prov. bastida (bastide) avec substitution de suffixe.STAT. — Fréq. abs. littér. :434. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 016, b) 944; XXe s. : a) 319, b) 273.DÉR. Bastillé, ée, adj. hérald. [En parlant d'une pièce de l'écu, bande, barre, chef ou fasce] Qui possède des créneaux tournés vers la pointe de l'écu. Attesté dans tous les dict. gén. du XIXe et du XXe s. D'argent au chef bastillé d'or (Ac. 1798-1932). — [bastije]. — 1re attest. 1671 (POMEY); dér. de bastille, suff. -é.BBG. — DUB. Pol. 1962, p. 106. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 419.bastille [bastij] n. f.ÉTYM. 1370, bassetille; altér. de bastide.❖1 Au moyen âge, Ouvrage de fortification. Château fort. || Une bastille fortifiée. — Spécialt. || La Bastille : le château fort commencé à Paris sous Charles V, et qui servit de prison d'État (⇒ Embastiller) avant d'être pris par les insurgés et démoli en 1789. || La prise de la Bastille (14 juillet 1789).1 Elle (Catherine de Médicis) fut accusée d'avoir eu des intrigues avec le vidame de Chartres, mort à la Bastille (…)Voltaire, Henri II, note 7.2 Par ext. (Littér.). Prison où l'on est détenu pour ses opinions (politiques). — Par métaphore. Moyen d'asservissement, d'oppression.2 Ô Sainte égalité ! dissipe nos ténèbres,Renverse les verrous, les bastilles funèbres (…)André Chénier, 240.3 Courage (…) braves écossais (…) Levez-vous ensemble, armez-vous, faites main-basse sur vos tyrans, renversez les bastilles où l'on jette vos défenseurs.Hébert, le Père Duchesne, janv.-fév. 1794, in D. D. L., II, 11.4 (En mai 1968) Ces fantômes (les grands socialistes) étaient redevenus vivants, il leur suffisait de lire droit devant eux, sur les murs, pour s'entendre parler et comprendre que toute bastille, même dans le temps, finit par avoir des oreilles.Gonzague Saint-Bris, le Romantisme absolu, p. 39.❖DÉR. Bastillé, bastilleur. — V. Bastillonné.
Encyclopédie Universelle. 2012.